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Armand Claude Abanda : « le succès qu’a connu Fils de Prélat m’a surpris moi-même »

by EDC
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C’est depuis le début de l’an 2000 que le Représentant Résident de l’IAI Cameroun tisse la toile de l’économie numérique dans son pays. Il est le premier d’avoir une salle de 40 ordinateurs à Yaoundé. Il est le père de l’enseignement du numérique au Cameroun.

Une tâche qu’il accomplit avec dévouement, satisfait des instructions de la Première Dame du Cameroun qui, pour accompagner son illustre époux Paul Biya, tient énormément à la vulgarisation de l’outil numérique, gage d’une économie moderne prospère et multi bénéfique.

Armand Claude Abanda (A.C.A) n’est pas seulement Informaticien. Auteur de Fils de Prélat écrit en classe de terminale, cette œuvre est aujourd’hui inscrite dans les programmes scolaires de certains pays de la sous-région Afrique centrale. Dans cet entretien, révélations et photos exclusives du roman Fils de Prélat, qui n’a de cesse d’haranguer les foules et d’accrocher des lecteurs.

L’IAI occupe le devant de la scène. Presqu’aucun mois ne passe sans que l’on ne parle de cette institution panafricaine, notamment sa représentation du Cameroun. Ce qui nous pousse à nous intéresser à vos statistiques…

L’IAI occupe justement le devant de la scène, parce que nous mettons un accent sur le capital humain.  En parlant d’investissement, nous avons formé dans le cadre de la formation initiale, près de 6000 ingénieurs de travaux informatiques dans les options systèmes et réseaux, génie logiciel et software engineering, c’est-à-dire la partie anglaise du génie logiciel. En dehors de ces formations dont les diplômés travaillent au Cameroun, en Afrique et partout dans le monde, déjà au Cameroun vous les trouvez dans tous les ministères, dans les sociétés comme la Banque des Etats de l’Afrique centrale, des banques etc. ils sont vraiment partout.

A cela s’ajoute d’autres programmes de vulgarisation de l’outil informatique. Ces résultats ?

Au point de vue des formations de vulgarisation, nous avons l’opération 100 mille femmes que tout le monde connaît, au terme de laquelle nous avons formé 103 350 femmes, et qui nous a permis d’avoir à Durban (Afrique du Sud) le prix de meilleur manager africain pour l’autonomisation de la femme africaine par les TIC. Et puis il y a eu cet autre projet de formation d’un million de jeunes MIJEF 2035, placé sous le parrainage de la Première Dame après que nous ayons bouclé  du l’opération 100 mille femmes.  Il était question  de mettre en place un projet plus large qui regroupe les enfants, les jeunes, en dehors des femmes. Nous avons donc bâti MIJEF 2035 à savoir MI (comme million),J (comme  jeunes) E (comme enfant) F (comme femmes). Donc ça fait un million de jeunes et là nous sommes à peut près 402 mille femmes et jeunes enfants formés sur l’ensemble du territoire national. Ce qui revient à plus de 500 mille jeunes enfants et femmes formés dans le cadre des formations  de vulgarisation.

Ces formations de vulgarisation sont gratuites ou payantes ?

Il faut noter que parmi ces jeunes enfants et femmes formés, 3/5e  des personnes formées le sont gratuitement.  Les autres paient généralement un prix symbolique pour pouvoir faire en sorte qu’un grand ensemble des populations soit formés. Ça c’est l’investissement sur le plan humain. Il faut en outre souligner parmi que ces apprenants, il y a des personnes handicapées, des sourds muets, des albinos, des orphelins, des enfants de la rue. Vraiment on a pensé à tout le monde par le canal des instructions de la première dame, puisque c’est elle qui est la marraine des deux projets.

Votre institution n’a pourtant pas connu des débuts flamboyants, semble-t-il…

Lorsque j’arrive au Cameroun, je n’avais que 3500 FCFA à l’aéroport de Nsimalen, nous avons commencé par un petit studio au quartier Cradat –à Yaoundé- où nous avions une chambre et un salon. Puis nous avons pris un bureau à crédit, un deuxième bureau à crédit, puis une salle de classe à crédit. On acheté un ordinateur à crédit et 20 ordinateurs à crédit, 20 autres encore à crédit, on a donc une salle de 40 ordinateurs. Nous avions donc la salle d’informatique la plus grande de Yaoundé. Il n’y avait pas une autre dans toute la ville de Yaoundé.

Nous sommes en quelle année là ?

 Là nous sommes en l’an 2000. Je fais donc  venir un membre du gouvernement, en l’occurrence le Ministre Roger Melingui qui était ministre Délégué au Finances chargé du budget, le but ici était qu’il apporte l’onction gouvernementale par ce que les gens me prenaient pour un feyman, quelqu’un de pas sérieux. Je n’avais effectivement que le papier qui me nommait par M. Fall Adama, ancien Directeur Général de l’IAI. Il fallait donc avoir une onction gouvernementale  et cela a été fait par le ministre Roger Melingui. Par la suite nous avons pu payer toutes nos dettes et puis nous sommes allés prendre une villa à Mballa 2, on a construit 05 classes en matériaux provisoire. Et comme on devenait encore à l’étroit, nous avons pris une autre villa plus grande à Dragage (un quartier de Yaoundé) sur environ un hectare et on a construit quelques salles en sémi dur et d’autres en planches. Un jour le bailleur nous dit qu’il va doubler le loyer qui était de 14 millions 400 mille, et qu’il le passe à 25 millions. Tout d’un coup.

Un bon élément pour saper les efforts tout de même…

Tout à fait. Je prends la mesure de la gravité de la situation et j’écris au chef de l’Etat pour demander le don d’un campus. Dieu Merci. La lettre sort avec accord. Par la suite on achète un terrain de 5 hectares en pleine forêt à Nkolanga car à l’époque, là où nous sommes basés il n’y avait que de la forêt. Il n’y avait aucune maison. Pour arriver à nos locaux nous traversions sur un tronc d’arbre, il n’y avait pas de pont.  Nous avons dégagé tous les grands arbres qui étaient sur le site, où les serpents manifestaient leur présence. De très gros serpents ! Nous avons couru de gros risques. Nous avons dû faire une barrière pour sécuriser. Aujourd’hui nous avons un campus de 5 hectares éclairé par l’énergie solaire, Eneo également de façon simultanée car au début il n’ya avait pas d’électricité. Nous avions un moteur de 110 KVA, nous avions creusé un forage pour pouvoir avoir un peu d’eau. Tout cela a pu faire en sorte qu’on évolue et aujourd’hui il y a ce merveilleux campus qui est si beau ; si spacieux. Là, nous n’avons plus de problème d’infrastructures sportives. Les étudiants sont très à l’aise.

Quid des retombées de ces investissements ?

En terme d’investissement, nous avons quelque chose que nous avons gagné : l’éducation, la jeunesse, le numérique !  Une tryptique très cher au chef de l’État. Cette tryptique est présente à l’IAI. Je pense que c’est quelque chose de bien.

Lorsque l’IAI Cameroun naît, c’est l’ordinateur qui prime. Début 2010, le téléphone androïde est arrivé et s’est intensifié. Pendant ce temps en 2016, l’IAI avait en projet de construction des ordinateurs à Yaoundé. Où en est-on avec ce projet ?

Le projet est mort de lui-même. Nous avons essayé de faire ce qu’on a pu. Nous avons fait venir des investisseurs de Lisbonne –Portugal- qui voulaient vraiment réaliser, mettre en place une usine d’assemblage d’ordinateurs. Cela n’a pas marché. On aura essayé quand même.

Aujourd’hui quel pont y a-t-il entre l’ordinateur, la base initiale de l’IAI Cameroun et les nouvelles technologies à l’instar du téléphone androïde ? Concrètement est il possible que des ingénieurs issus de l’IAI Cameroun puissent nous fabriquer des téléphones et autres appareils intelligents ?

Pour répondre à cette question, nous pouvons faire allusion à la participation de nos étudiants au concours mondial de la réalité virtuelle où ils ont reçu plusieurs lauriers, se classant parfois devant les pays occidentaux. L’IAI Cameroun vient de gagner il y a seulement quelques jours une Chaire UNESCO pour la formation des jeunes et des femmes (grâce aux projets 100 000 femmes et MIJEF 2035) en Afrique centrale.

Quel est l’avenir de ceux qui sont formés dans les campagnes de vulgarisation ?

Les campagnes de vulgarisation nous permettent non seulement d’initier les populations aux outils numériques devenus incontournables de nos jours dans tous les secteurs d’activités, mais aussi et surtout de former les apprenants à l’usage responsable des réseaux sociaux.

Par ailleurs, le but est d’ouvrir les portes à ces étudiants à la technologie d’ailleurs. Nous avons signé une convention avec le gouvernement chinois dans le cadre d’une coopération Chine/Afrique. Il y a 18 universités chinoises  qui sont en coopération avec 14 universités africaines, dont l’IAI Cameroun notamment.  En réalité ils veulent investir en Afrique, non seulement sur le plan de  l’industrie mais aussi sur le plan du capital humain. En clair, qu’on ait des hauts cadres africains qui sont en mesure de porter les projets chinois, qui comprennent bien la langue chinoise, qui comprennent bien la technologie chinoise. L’idée c’est que, ils font trois années d’études, la première année à l’IAI Cameroun, ces boursiers, il y en aura 15 par vague sur 75 bourses pendant 5 ans, ils font une année d’études à l’IAI Cameroun. Ceux qui passent pour la deuxième année, c’est la condition, vont faire un an et demi en Chine. Et pendant leur séjour en Chine, ils ont l’hébergement, la restauration gratuits, une assurance santé et là-bas ils ont une bourse locale. Et pendant leur séjour ils ont un stage de six mois dans les grandes structures comme Huawei, ZTE, où ils pourront venir travailler ici une fois revenus au pays. Donc c’est pratiquement du recrutement pour formation /emploi. Ceux qui veulent continuer en master doctorat peuvent redemander une bourse.

Armand Claude Abanda est pratiquement le gardien du temple de l’économie numérique au Cameroun. Du temps est passé, jamais votre engagement n’a pris une ride en plus de 20 ans. Pourquoi tant de peine ?

J’ai passé toute ma vie dans le numérique. C’est mon dada. C’est tout ce que je sais faire aujourd’hui. J’ai eu à faire une tournée en janvier 2018 accompagné de deux élites de la Région de l’Est : le ministre Joseph Lé et le ministre Armand Djodom. Nous avons remis en une semaine 20 000 attestations. Vous pouvez vous imaginer l’immense plaisir qu’on a eu, que moi particulièrement j’avais eu en faisant le tour des villages, de toute la Région de l’Est. Il n’y a pas plus grande richesse que ça. Pour moi je suis assez content de ce qui est fait, de ce que nous avons réalisé. Le numérique c’est toute ma vie. S’il y a autre chose que j’ai su faire peut être, c’est l’écriture du livre Fils de Prélat. Je l’ai écrit en classe de terminale. C’est aujourd’hui que Fils de Prélat rebondit, certains parlent « d’une seconde vie de Fils de Prélat. » Cela veut dire qu’il y a des choses qu’on a su faire et qu’on aurait pu développer.  Mais j’ai consenti mes efforts pour développer la vulgarisation de l’économie numérique.

Vous avez écrit « Fils de Prélat », cela fait déjà de longues décennies. Et c’est à présent que l’ouvrage prend une ascension fulgurante. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Le fait est simple. Quand j’avais écrit Fils de Prélat, c’était dans un manuscrit, dans un gros cahier. Je n’avais pas eu la chance que l’éditeur me fasse confiance à ce moment-là. C’est bien plus tard quand ils ont relu l’ouvrage qu’ils ont demandé à le publier à compte d’éditeur alors que moi je voulais le publier à compte d’auteur puisque j’avais déjà les moyens de le publier moi-même. Or vous savez qu’à compte d’éditeur, le pourcentage de l’auteur est extrêmement bas, il est généralement de 10% dans cet ordre là.   Mais je me suis laissé convaincre parce que, en fin de compte je voulais quand même publier mon ouvrage et que je devienne l’auteur. J’ai donc accepté qu’on le publie à compte d’éditeur. Fils de Prélat est donc commencé à prendre une ascension qui a fortement évolué à un moment donné. Après, on n’en a plus entendu parler. Et à un autre moment donné, cette ascension a repris. Moi-même je n’ai pas compris comment cela a repris. Le Gabon l’a pris dans les programmes scolaires il y a quatre ans en classe de seconde, il y a le gouvernement  tchadien m’a invité en 2019 lors de la Journée internationale de la Francophonie. La cérémonie s‘était passée au Radisson Blu de Ndjamena devant un immense et impressionnante parterre d’ambassadeurs, des membres du gouvernement. Ceux qui connaissent le grand amphi du Radisson Blu, il était archicomble. Fils de Prélat a été en vitrine dans plusieurs salon du livre : Salon de Paris, d’Abidjan, Brazzaville et bien d’autres pays.

Un immense succès donc…

Le succès qu’a connu Fils de Prélat m’a surpris moi-même. D’ailleurs  le 22 mai 2022, on m’apprend que mon roman a remporté le prix d’excellence pour l’éducation en Afrique devant une centaine d’écrivains venant d’une douzaine de pays. J’étais vraiment le premier surpris encore. Je me suis demandé quelles sont les raisons pour lesquelles j’ai été choisi. On m’a cité quelques éléments. On m’a dit  mes états de service, ils citent d’abord le fait que mon livre est dans le programme scolaire du Gabon, c’est un livre étranger qui est dans le programme scolaire du Gabon. C’est déjà très important, le fait que le livre a été en vitrine dans plusieurs salons du livre, le fait que je sois moi-même Chevalier du Mérite gabonais, et Officier de l’Ordre de la Valeur au Cameroun donc dans deux pays différents et le fait que j’ai eu le prix de meilleur manager africain pour la femme africaine en Afrique du Sud. Ils ont cité tous ces éléments-là. Ils n’ont pas oublié de citer le fait d’avoir formé des centaines de milliers de personnes au Cameroun au TIC. Donc tout cela fait partie de l’éducation. Je pense que c’est quelque chose qui a été vraiment bien conçu à ce que j’ai vu. Ils ont même parlé de thématique pédagogique du livre Fils de Prélat, qui ont convaincu tous les membres du jury. En gros, cela a été très bien. aussi, la République du Congo m’a invité. Le Directeur Général de l’Institut national de la recherche pédagogique m’a invité pour donner une conférence devant tous les inspecteurs pédagogiques du Congo et eux-mêmes ils ont fait des analyses  pertinentes sur ce roman et enfin de compte, on m’a informé que le livre était en très bonne voie pour être intégré dans les programmes scolaires du Congo. Mais on attend juste qu’il y ait la signature officielle de monsieur le ministre de l’Education pour que le livre soit définitivement acté comme faisant partie des programmes congolais.

Entre temps y a-t-il eu des religieux catholiques qui vous ont fait des remarques sur le livre ? Vos rapports avec les hommes de Dieu sont toujours sans nuages ?

Sourire.  La plupart des religieux qui m’ont approché après la dédicace du Hilton Yaoundé en 2002 l’apprécient. La salle était pleine à craquer, il y avait plein de gens, parmi eux, il y avait beaucoup de prêtres. Beaucoup sont venus m’encourager. Ils ont voulu que j’aille plus loin.

Justement car lorsqu’on le lit, il y a beaucoup de suspense. A quand la suite ?

Beaucoup m’ont demandé un tome 2, notamment au festival du Gabon. Je pense que je vais y réfléchir.

Propos recueillis par Aloys Onana

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