C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour le pipeline Tchad-Cameroun. En pourparlers depuis un an, Savannah Energy PLC et Exxon Mobil dans les deux pays ont achevé leurs négociations. « La Chambre africaine de l’énergie (AEC) soutient l’acquisition par Savannah Energy, une société énergétique indépendante britannique axée sur l’Afrique, de l’ensemble du portefeuille d’actifs en amont et en aval d’Exxon Mobil au Tchad et au Cameroun. La vente a été conclue le 9 décembre pour un montant de 407 millions de dollars», annonce dans un communiqué ce 12 décembre African Energy Week (AEW). Calculette en main, le rachat d’Exxon Mobil (au Cameroun et Tchad) a nécessité 253 983 262 500,00 Franc CFA.
L’annonce, explique-t-on, fait suite à la signature par Savannah Energy et ExxonMobil d’un accord d’achat d’actions en 2021, qui a permis à la société cotée en bourse d’acquérir une participation de 40 % dans le projet pétrolier de Doba, dans le sud du Tchad, ainsi qu’une participation indirecte de 40 % dans le système de transport d’exportation Tchad-Cameroun, qui comprend un oléoduc de 1 081 km et l’installation flottante de production, de stockage et de déchargement Kome Kribi 1, au large du Cameroun.
La participation d’ExxonMobil au Tchad et au Cameroun, précédemment estimée à 360 millions de dollars, comprend des champs produisant 33 700 barils de pétrole par jour (bpj), le projet pétrolier de Doba à lui seul – un prospect qui comprend sept champs pétroliers en production – affichant une production combinée de 28 000 bpj.
Cette transaction est saluée. « La Chambre africaine de l’énergie soutient de tout cœur cette transaction monumentale, qui servira sans aucun doute à apporter de nouvelles opportunités énergétiques à l’Afrique du Nord et à l’Afrique du Centre-Ouest », se réjouit NJ Ayuk, président exécutif de la CEA, par ailleurs avocat, entrepreneur et écrivain camerounais, fondateur et président-directeur général du Centurion Law Group, une société panafricaine de droit des sociétés. Il appuie que « l’arrivée de sociétés énergétiques indépendantes en Afrique permettra au continent de se concentrer sur l’apport d’énergie à ses habitants en exploitant ses ressources naturelles, tout en démontrant les perspectives lucratives dans des pays qui ont été négligés jusqu’à présent. Au cours de la Semaine africaine de l’énergie cette année, nous avons vu les discussions évoluer vers un soutien accru aux nouveaux indépendants qui peuvent exploiter les actifs des supergrands de manière durable. »
Des lenteurs administratives sont redoutées, tant au Cameroun qu’au Tchad et donc, pour anticiper, le président exécutif de la CEA « appelle les régulateurs des deux pays à approuver la transaction rapidement et sans délai afin de renforcer la confiance du marché et des investisseurs. Il s’agit d’une transaction immense. Lorsque les IOC signent des acquisitions majeures en Afrique, il est pertinent que les gouvernements les approuvent sans précipitation. C’est ainsi que l’Afrique progressera et que la pauvreté énergétique disparaîtra définitivement.»
C’est demain 13 décembre 2022 que la redénomination du capital social aura lieu, telle qu’élargie par la transaction. En rappel, C’est en juillet 2003 que l’oléoduc Tchad-Cameroun est entré en service. La zone pétrolière s’étend sur une longueur de 1 070 kilomètres, de Doba au Tchad jusqu’à Kribi au Cameroun. Des accords passés entre le consortium pétrolier emmené par ExxonMobil et les gouvernements du Tchad et du Cameroun, régissent la construction et l’exploitation des champs pétrolifères de Doba et de l’oléoduc. C’est un projet de 4,2 milliards de dollars soit 2 273 milliards de F qui est soutenu par la Banque mondiale.
Aloys Onana
