Martin Belinga Eboutou

Un homme très influent

Décédé le 8 mai, l’ancien collaborateur de Paul Biya aura marqué de nombreux esprits.

Son nom restera sans doute dans les petits livrets de la République du Cameroun. Tant Martin Belinga Eboutou, décédé le 8 mai 2019 à 13h30 selon le communiqué de presse signé de Samuel Mvondo Ayolo l’actuel directeur du Cabinet civil de la présidence de la République était l’homme de main du chef de l’Etat du Cameroun.

Très influent, cet homme a marqué de nombreux esprits sur le plan politique, économique et diplomatique. « Son influence était si forte que dans les couloirs du palais présidentiel, il était redouté de tous les services. C’est le seul à avoir porté main sur la première dame en présence du chef de l’Etat, nous étions en séjour à Mvomeka’a », confesse une source de la Direction de la sécurité présidentielle (DSP). Le but du différend est expliqué, nous ne le reprendrons pas ici.

L’ancien directeur du Cabinet civil de Paul Biya est aussi présenté au palais présidentiel du Cameroun comme le seul que le président appelait par son prénom « Martin », alors qu’il sert du « Monsieur le ministre » à tous autres collaborateurs du gouvernement. Un autre point d’influence de Martin Belinga Eboutou, c’est son éviction du gouvernement, alors qu’il est en Suisse. « On sait aujourd’hui que c’est sur les conseils de ses médecins suisses que le président a décidé de libérer son fidèle conseiller  de sa charge, à la suite du réaménagement gouvernemental du 2 mars 2018. L’évolution préoccupante de son état de santé nécessitait une hospitalisation dont le patient ne voulait pas  entendre parler, eu égard à ses fonctions. Biya a tranché, non sans s’assurer que l’Etat acquitterait le montant de ses soins », apprenait-on de jeune Afrique, dans son édition  N°3031 du 10 au 16 février 2019.

Discret jusqu’à sa disparition, beaucoup de camerounais ignorent le timbre vocal de cet originaire de Zoétélé, dans le Sud Cameroun. Mais pour autant, dans l’imagerie populaire, Martin Belinga Eboutou a gardé jusqu’à son départ du gouvernement l’image d’un vice Biya.

Son nom aura été aussi cité dans de nombreux dossiers chauds de la République. A l’instar de l’affaire Narcisse Djomo Pokam, « tombé » du haut de l’hôtel Hilton de Yaoundé en 2006, ainsi que la mort de Mgr Bala, mort le 31 mai 2017.

Ancien séminariste né en 1940 et, formé dans l’ex-Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) et à Paris, Belinga Eboutou était titulaire d’une licence en droit canon, d’un doctorat en droit et diplômé de la section diplomatique de l’ENA, à Paris.

Diplomate de carrière, il avait fréquenté les ambassades du Cameroun à Brazzaville et à Paris avant de rentrer à Yaoundé, où il était devenu le directeur du protocole d’État en 1989.

Particulièrement proche de Paul Biya, dont il partageait la ferveur religieuse, il avait ensuite été nommé une première fois directrice du cabinet civil en 1996, avant de prendre la direction de la représentation du Cameroun auprès de l’Organisation des Nations unies, à New York, en 1997. Il avait retrouvé le cabinet civil en 2010, comme pour se rapprocher, une nouvelle fois, de son éternel patron, Paul Biya.

Aloys Onana