Entretien avec le directeur du marché et des acteurs à la Cosumaf.
Vous avez, le 6 avril 2023, assisté à Douala à la première édition de la Cemac capital market Awards, que pensez-vous de cette initiative ?
L’initiative qui est consacrée à l’éducation financière fait partie de l’axe stratégique de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale, (Cosumaf). En tant que régulateur, cela fait partie de notre vision stratégique, pour ce faire nous avons des relais sur le marché notamment des assujettis qui sont chargés de sa mise en œuvre. L’initiative du promoteur de la Lettre de la bourse, qui est un journal consacré depuis vingt ans aux activités du marché des capitaux, a donc décidé de primer les acteurs qui portent le marché et qui lui donnent une certaine profondeur. C’est une initiative que nous soutenons parce que ça fait partie de nos objectifs à atteindre.
Comment se porte le marché des capitaux aujourd’hui dans la sous-région Cemac ?
Le marché se porte plutôt bien. Les chiffres consolidés font état de 1500 milliards de FCFA mobilisés depuis trois ans, soit 50% du montant total mobilisés depuis le lancement des activités de la Bvmac en 2000 qui est de 3168 milliards. Au niveau des intermédiaires du marché, nous sommes partis de 20 acteurs agréés sur les deux marchés à 70 acteurs agréés depuis 2019 dont 20 sociétés de bourse qui sont en activité, 11 sociétés de gestion de portefeuilles, 10 commissaires agréés, 10 dépositaires Opcvm et 2 fonds de garantie qui sont notamment le Fagace et le Fonds de solidarité africain qui viennent soutenir et apporter une couverture de risques sur les émissions qui peuvent être menées sur le marché.
Quel est le rôle que le marché financier peut-il jouer dans les économies de la sous-région ?
La Cosumaf n’est que le régulateur. C’est à dire que c’est le gendarme du marché qui veille au bon fonctionnement et à l’application des règles du marché. Les objectifs du marché aujourd’hui, c’est d’apporter une source alternative au système bancaire pour le financement des économies de la sous-région. C’est comme cela qu’il faut comprendre la chose aujourd’hui. Il faut comprendre que dans tous les pays du monde, le marché financier est la principale source de financement des économies développées; les États Unis par exemple financent à hauteur de 99% leur économie à travers le marché boursier depuis plus d’un siècle aujourd’hui. Ce système n’était pas connu chez nous, c’était le financement à travers le système bancaire, mais le système bancaire ne dispose pas des ressources appropriées pour le financement sur le long terme. C’est pourquoi le marché financier est une alternative qui est adaptée parce que le marché financier mobilise l’épargne oisive qui est portée par les ménages. Voilà quelque peu l’avantage du marché financier aujourd’hui. Autrement dit, il met en relation ceux qui sont dans le besoin du financement et ceux qui ont les liquidités dans les trésoreries. Voilà le rôle du marché financier et nous travaillons à ce que ce rôle soit atteint et que le marché financier devienne la principale source de financement des économies dans les pays de la sous-région.
Quel est l’avantage pour une entreprise d’être cotée en bourse ?
La cotation en bourse répond à nombre d’exigences. On ne va pas en bourse parce qu’il faut y aller. On va en bourse parce qu’on remplit un certain nombre de critères. Mais les avantages derrière cela sont multiples.
Premièrement, ça renforce la transparence au niveau de la gestion. Parce que toutes les entreprises qui sont cotées en bourse, ont l’obligation de rendre publics leurs états financiers. C’est une obligation et cela fait une preuve de transparence. Deuxièmement, une entreprise qui va en bourse, se bonifie au niveau de sa gestion et gagne la confiance des investisseurs. Lorsque vous êtes côtés en bourse, vous êtes connus partout sur le marché parce qu’on sait qu’il y a un régulateur qui vous regarde. C’est le cas de la Régionale, de la Société Commerciale Gabonaise de Réassurance (SCG-Ré) qui sont des entreprises cotées en bourse et qui ont de nombreux investisseurs qui viennent frapper à leur porte pour y mettre de l’argent. L’avantage ici, c’est la transparence, l’exigence de la disponibilité de l’information financière. En retour, vous bénéficiez de la confiance des investisseurs. Voilà ainsi énumérés les avantages du marché financier.
Propos recueillis par Franck Essomé
