Le beau témoignage de Protais Ayangma
Dans cette publication que ce grand patron a faite sur son mur Face book, l’on découvre les traits de caractère de la fondatrice de Chanas Assurances.
Ce n’est pas une déclaration circonstancielle, mais bien une vérité : Je dois à Mme Casalegno ma passion pour l’assurance. C’est elle qui me donne ma chance dans les années 70, alors qu’élève, je cherche un stage de vacances pour préparer ma rentrée scolaire. C’est par un hasard dont seul la vie a le secret, qu’en feuilletant le bottin, je tombe sur Assurance, puis sur Chanas et Privat, Agent Général des Assurances Générales de France (AGF).
J’y dépose une demande de stage et je suis retenu. Jamais, auparavant, je n’avais entendu parler d’assurance. Chaque année, je reviendrai y faire mon stage et, même a la dernière année, elle m’autorise à aller travailler à l’agence de Yaoundé quand mon programme de cours à l’université le permettait C’est tout naturellement, qu’à la fin de mon diplôme,elle me propose de rejoindre ses équipes. A sa grande surprise(on ne refusait rien à Mme Casalegno),je décline son offre et nos relations resteront marquées par cet
“affront “, réédité quelques années plus tard, lorsque je refuse poliment de suivre son conseil dans une médiation qu’elle tentera au Gicam lors des élections de renouvellement du bureau en 2008.
Oui. Cette grande dame. Altière, aristocratique, d’une générosité à nulle
autre pareille, profondément humaine-elle n’a jamais abandonné un collaborateur
loyal malade ou en difficulté- n’acceptait pas la moindre contrariété, encore
moins la contradiction. Très paternaliste ( maternaliste?) elle a continué à gérer
sa boîte comme la petite affaire familiale de ses débuts, alors même qu’elle
était devenue l’une des premières compagnies d’assurance de la zone CIMA, avec
un chiffre d’affaires dépassant les 20 milliards de FCFA dans les années 80.
Chanas était toute sa vie.
Elle l’a construite et modelée de ses mains. Parfois, avec rage. Elle
n’acceptait pas de perdre une affaire et pouvait être redoutable… et, très
peu de personnes osaient s’attaquer à son portefeuille. Ayant cédé une première
fois à des aventuriers, et voyant ce que ceux ci en avaient fait, ne
s’embarrassant d’aucun protocole, elle revint aux affaires.
Le procès, je devrais plutôt dire les procès relatifs à cette affaire sont
d’ailleurs encore pendants devant les tribunaux depuis plus de 15ans.
Toute sa vie fut une vie de combats pour cette authentique lionne indomptable qui aura passé toute sa vie au Cameroun. Ses faits d’armes sont nombreux. Le plus fumant d’entre eux, c’est lorsque, Agent Général de la Société camerounaise d’assurance (SOCAR) qui a repris entre temps le portefeuille des AGF à la suite de la réforme de 1973 de l’assurance, qui a accouché de la création des sociétés d’assurances de droit national, elle réussit , à la surprise générale, à reprendre cette société avec l’aide d’un chevalier blanc qui finira par se retourner contre elle. Ce dernier combat ,elle finira par le perdre non sans s’être battue jusqu’au bout.
Obligée par la CIMA de partager le pouvoir(il lui a été imposé de créer 2 postes de DGA), elle va continuer à ferrailler avec ses propres adjoints, jusqu’à ce que l’un d’eux , celui-là même qui avait bénéficié de toute son affection filiale, entre temps promu par le Conseil d’administration la défenestre sans ménagement. Avant d’en arriver là, son propre associé, lui avait retiré ses importantes affaires la reléguant au rang de compagnie moyenne du marché.
J’avais eu l’occasion de la voir ces jours derniers. Le regard absent, l’air
triste, un peu comme un clap… de fin. Ce crépuscule n’effacera jamais ses
faits d’armes.
Mme Casalegno restera pour ceux qui l’ont connue, une pionnière de l’assurance
au Cameroun, et qui en a écrit les plus belles pages de cette histoire
contemporaine de l’industrie camerounaise de l’assurance!
Adieu grande Dame!
Respect pour ton immense œuvre et gratitude éternelle pour m’avoir fait
découvrir ce beau métier qui m’aura tout donné.
Protais Ayangma
*Le titre, le chapeau et les photos sont de la rédaction d’Économie du Cameroun
