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Gallus Fouda : je ne suis pas contre les français, mais il faut qu’ils respectent nos lois

by EDC
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Parole  à un acteur qui a déjà passé 30 ans de sa vie au sein du port autonome de Douala. Avec lui, l’on comprend mieux les dessous de l’actualité qui a cours au sein du Port autonome de Douala (PAD) et qui met à l’index, Cyrus Ngo’o.

Que vous inspire l’actualité brûlante qui a accours au sein du Port autonome de Douala et qui incrimine la gestion du Directeur général M. Cyrus Ngo’o ?

L’actualité pour moi n’est pas brûlante.  C’est juste que nous sommes ignorants de beaucoup de choses. Dans votre corporation il y a des gens qui se disent journalistes a lorsqu’ils ne le sont pas. Ils disent qu’ils ont fait communication, ce n’est pas être journaliste. C’est ce qui arrive dans notre port. Cela fait 30 ans que je suis au port. Quand je parle donc du port,  c’est du vécu. Je suis un docker, je suis un acconier. Le patron du port, c’est l’acconier, parce que tout ce qu’on fait au port, c’est l’acconage : terminal à conteneurs, magasin, terre-plein. En clair, le prisonnier connait la prison plus que le gardien de prison. Revenons sur le problème du port de l’heure. Cela fait bientôt huit ans, voire dix ans que je parle de ce port. J’avais à l’époque calculé le nombre de conteneurs qu’on importait par an, j’avais multiplié ce nombre par le prix d’acconage, j’avais compris qu’il y avait un problème. J’avais donc attiré l’attention du directeur général des douanes et lui avait expliqué que Bolloré nous volait, qu’il nous pillait. Nous avons commencé à revendiquer notre terminal à conteneurs. La façade maritime, c’est la porte d’entrée et de sortie de notre pays. On ne peut pas remettre cela aux étrangers, c’est l’insécurité totale que les camerounais ne comprennent pas.

Pour revenir au problème qui fait des gorges chaudes et qui est loin de retomber…

L’actualité brûlante. Cyrus Ngo’o arrive au port. Je me rappelle le 31 décembre de cette époque. Il fallait que la régie à conteneurs naisse. Bolloré nous avait sabotés. Le système de conteneurs était logé chez lui. Il suffisait d’un simple bouton pour mettre tout KO, croyant que dès que nous serons bloqués il va revenir. Cela nous a perturbés pendant 24 heures, une solution efficace a été trouvée. Vous avez vu le résultat. Malgré le covid 19, on a fait 53 milliards. On a fait une remise de 10% pour l’acconage, on est tombé à 48 % et il a reversé au port autonome 15 milliards. Il a reversé aux impôts plus de 9 milliards. Prenez en compte des salaires et autres, il est resté dans ses poches, 12 milliards. Le PAD étant une société d’Etat, tout cela appartient à l’Etat. Alors que Bolloré ne versait que 3 à 4 milliards par an et il a géré le port de Douala pendant 15 ans ! Quand les gens s’agitent beaucoup, je ne sais pas s’ils n’ont pas pitié de notre pays. Il y a eu un décret le 29 janvier 2019 qui donnait tous les pouvoirs au port autonome de Douala. Il a le droit de léguer ses pouvoirs et faire des recouvrements au nom de l’Etat, car il s’appelle Port autonome de Douala. C’est de là qu’est née la régie du terminal à conteneurs. Qui génère beaucoup d’argent malgré le  vieux matériel. Il est également né la régie des dragages. Je me rappelle qu’une société chinoise nous a pris 19 milliards en deux ans, le chenal d’accès, faiblement traité. La régie des remorquages était là. Des fonds invisibles. La régie de lamanages était là (les grosses cordes utilisées quand vous immobilisez un bateau) on disait 5 millions. Les camerounais ne pouvaient pas le faire ? Actuellement, le port fait entrer des sommes très importantes à l’Etat. Beaucoup d’argent d’ailleurs. Ça, je vous le confirme. Tout récemment le dragage a été loué pour aller vers le Brésil, cela a rapporté au moins de 300 millions au PAD. Cet argent rentre dans les caisses de l’Etat.

Il semble qu’il y a donc des innovations en vrac…

On parle seulement de la régie du terminal à conteneurs, mais la régie de la sécurité a été créée. Ça donne de l’argent. Nos factures sont payées, 4 % pour la sécurité du port. L’actualité qui brûle, j’y reviens, c’est encore très emmerdant. C’est un marché d’Etat qui a été signé par le SGPR (Secrétaire général de la présidence de la République). Il a été transmis au directeur général du port de Douala pour exécution. On avait donné à une société israélienne. Le marché  été exécuté. Un membre influent du RDPC (parti politique au pouvoir, ndlr) m’a demandé, comment une simple barrière peut couter 25 milliards ? Cela m’a amusé. Le chef de l’Etat a vu plus clair : la sécurisation du Golfe de Guinée. Le PAD est le port le plus sécurisé d’Afrique maintenant. Au PAD, la régie de sécurité est gérée par un colonel du BIR. Cela ne regarde pas le PAD, mais l’armée. Donc, cette barrière, c’est une arme. Aucun conteneur d’armes ne peut plus entrer au port de Douala. Tout y est scruté à la loupe ! Etant au niveau du port de Douala, on voit Malabo, on voit Manoka (une île très importante de Douala), on voit le Gabon, on voit le Golfe de Guinée. Le Général Semengue nous l’avait dit il y a longtemps que le blancs convoitaient le Golfe de Guinée est qu’on pourrait être attaqué plus tard. Quand donc le chef de l’Etat donne une instruction de sécuriser son pays, on nous dit qu’il y a une dénonciation au Tribunal criminel spécial (TCS) par Me Atou. Pour lui, je regrette beaucoup ! Comment tu n’as pas fait la médecine et apprécier avec autorité le travail d’un médecin ?

Parlant de Me Atou, comment arrive-t-il à devenir aussi puisant au point de manquer du respect à une très forte personnalité ? Rappelons au passage que Polycarpe Abah Abah, Lazare Essimi Menye (tous deux anciens ministres des Finances) n’aient pas réussi à le dessaisir de la gestion des actifs résiduels de l’ex Régiefercam, entre autre entres entreprises ?

Je vais vous dire une chose. Paul Biya, les camerounais se moquent de lui. Mais à la fin on se moque de nos institutions, nos lois car quand Me Atou vient dans un port, lui c’est qui pour dénoncer un marché d’Etat ? On le somme, il ne veut pas, il continue malgré les textes du chef de l’Etat.

Le SGPR est pratiquement nargué en mondovision. Qu’est-ce qui fait la force, selon vous, de Me Atou et comment le dessaisir de la gestion des actifs résiduels de l’ex Régiefercam, ONCPB etc. ?

Peut-on s’attaquer à Dieu ? L’Etat est un monstre très froid. Rien ne lui ai impossible.

Et donc ?

L’Etat broie même après 30 ans. Ce que Me Atou a fait, c’est des biens des camerounais. Quand vous vous permettez de les gérer comme vous voulez, il y a problème. Si Atou et Ngoh Ngoh ont des problèmes particuliers, c’est autre chose. Quand j’ai lu le courrier de Atou, il s’adresse au SGPR ou bien il s’adresse à Ferdinand Ngoh Ngoh ? S’il s’adresse au SGPR c’est une catastrophe ! On ne nargue pas l’Etat. Et je regrette beaucoup, je suis très dérangé car au PAD, nous avons besoin d’argent pour développer notre pays. On va s’endetter alors qu’il y a beaucoup d’argent ici. Si on essaie de rassembler tous ces biens, le port autonome de Douala est capable de renforcer le trésor public. Je suis très dérangé parce que les rails ont été démontés et partis au Niger servir pour le chemin de fer. Une gabegie terrible.

Les rails camerounais ?

Oui. Tout a été démonté. Cela devait être comme un musée. C’est une histoire du Cameroun qui est partie. Je connais un peu la Régiefercam. Je ne sais pas si Atou a honte comme moi. Avoir beaucoup d’argent, on finit par croire que c’est facile. Un milliard, c’est mille millions. Si vous consommez cent mille par jour, ça fait 27 ans. Qu’allez-vous faire avec 50 milliards ? Tu ne peux manger plus de quatre poulets par jour. Je crois que ce pays est maudit avec des gens comme ceux-là. C’est ce que je me dis. Satan nous dérange. Vous ne pouvez pas vous attaquer à tous les camerounais. Ce que Atou a  fait concerne tous les camerounais. C’est des impôts d’Etat. Le port a beaucoup de terrain. Tous les immeubles sur la place portuaires, c’est le PAD. Même le marché de Mboppi c’est le terrain du PAD. Mais on s’amuse avec les biens de l’Etat. Vous demandez ce que l’Etat peut faire. Vous croyez que cela coûte quoi à l’Etat de l’évincer ? Même s’il a mis certains ministres en difficulté. Si on ouvre réellement une enquête, il y aura au moins 500 personnes qui vont aller en prison. Nous savons ce qui s’est passé à Bonanjo. Atou dénonce un marché qu’il ne maitrise pas. C’est très grave car, la sécurité ne se confie pas à n’importe qui. Ça dérange les français. Et M. Bolloré qui manipule par derrière…

Je voulais justement vous poser la question. Avez-vous le sentiment qu’une main mafieuse serait en back office pour freiner l’élan du management actuel du PAD ?

Nous avons ce sentiment parce que ce monsieur a passé le temps à tromper les camerounais. Mille francs offert par ci, mille francs offert par là. Tout ce qu’on lui a confié a été détruit. Dans un pays jadis économiquement prospère. En 1990 savez-vous combien de Boeing le Cameroun avait ? Nous avons eu des Boeing avant Air France. Le Combi avait 70 % de fret devant Air France. Et le Combi, 350 passagers, 300 tonnes de fret, c’était un monstre. Tout le monde nous respectait pour cela. Tout cela est tombé. La Régiefercam est tombée. Il n’y a que les peintures qui ont été changées en rouge.

Aujourd’hui il y a des évènements qui se succèdent, comme l’affaire Cana Bois avant le déclenchement de l’affaire Atou…

Je ne comprends pas ce libanais de Cana Bois. Je ne sais pas si on peut faire cela au Liban. Il vient s’attaquer à un homme nommé par le chef de l’Etat du Cameroun. Cana Bois a eu 24 500m² de terrain. Il doit de l’argent, il refuse de payer. Les mises en demeure sont été faites, il n’est pas venu.

Une corrélation entre affaire Cana Bois et le déclenchement de l’actualité sur le directeur général du PAD ?

C’est les mêmes gens. Leurs stratégies, attaquer sur plusieurs fronts pour fragiliser Cyrus Ngo’o. L’affaire Cyrus Ngo’o est très dangereuse. Parce que ce que je sais, les syndicats du port ont failli marcher car on a jamais vu du très bon travail ainsi sur cette entreprise. On ne le supporte pas, c’est ce qu’il a fait qui force respect et considération. Cyrus Ngo’o fait la fierté des directeurs généraux des ports en Afrique maintenant. Les centrafricains, la diaspora, on le voit travailler.

Si on vous demandait de passer un  message au pouvoir de Yaoundé au sujet de cette affaire sur la place portuaire de Douala, quel serait ce message-là ?

Ce n’est pas seulement passer un message aux gens de Yaoundé. Ce que je vais dire c’est que, il faut que le Cameroun fasse confiance à ses enfants car au PAD, c’est les camerounais qui sont à l’œuvre. Deuxièmement, au PAD, il faut des compétents. N’emmène pas un zozo parce que le port est chez toi. Moi je n’ai pas encore vu cela. Troisièmement, il faut que chacun soit à sa place. Quand on prend un fonctionnaire, on le met à la direction générale du PAD. S’il n’a aucune connaissance de ce milieu, c’est la catastrophe. Si vous mettez un fonctionnaire, vous le mettez à la Sonara (Société nationale de raffinage) alors qu’il n’a aucune connaissance en pétrochimie, c’est la catastrophe. Si vous demandez à un maçon d’aller gérer la santé, il va confondre le fer à béton aux injections. C’est ce qui nous arrive aujourd’hui. Cela fait 30 ans que je suis docker. Cyrus Ngo’o travaille, il a aussi un plan B. un bon africain, un bon bantou a toujours un plan B. quand ça ne va pas, il faut qu’il contourne pour générer des résultats. Si vous n’avez pas d’expérience, vous ne pouvez pas avoir un plan B. Que les camerounais cessent de s’exhiber devant les télévisions : je suis Dr, expert, etc. ça donne quoi ? Laissez le directeur général travailler ! S’il faut être pratique, Cyrus Ngo’o est pratique. Le résultat est là, tout le monde voit. Il est victime du très bon travail. Il y a des gens qui n’aiment pas du très bon travail au Cameroun. Savez-vous ce Bolloré nous a fait perdre à la Régiefercam ? Les camerounais ne peuvent pas imaginer. Il y avait un centre qui formait les cheminots, il avait un grand atelier central qui fabriquait les pièces de train. On ne les importait pas. On les fabriquait ici. C’est parti où ?

On vous dira que votre sentiment antifrançais est élevé…

Je ne suis pas contre les français. Il faut que vous le sachiez. Mais il faut qu’ils respectent nos lois. Ils ne doivent pas nous traiter comme des zozos.  Ils pillent notre pays. Ils sont prêts à organiser les coups ici. Savez-vous ce qu’il y a eu au port ? Le PAD était devenu un centre de cocaïne !

Sous Bolloré ?

Oui ! Je me rappelle à l’époque Essimi Menye est venu, on l’a empêché d’entrer au port en tant que ministre. Il a fait plus de 40 minutes sans moyen d’y entrer. Le gardien dit qu’il n’entre pas. Il était en jeans. On a dit qu’il est allé passer au fond. Que défendait-on là-bas ? On entrait au Palais présidentiel, mais on n’entrait pas à DIT n’importe comment. Vous devez savoir que Boko Haram, des armes passaient par ici. Actuellement ça ne peut pas passer. Rien que pour la sécurité de l’Etat, on ne peut pas accepter. Quand les gens s’agitent, ils ne comprennent pas, aveuglés parce qu’ils ont reçu 1500 francs. Quand on parle de biens mal acquis, il est concerné : il a bouiller Socapalm, Ferme Suisse qui fabriquait Palm’or. Safacam, bousiée. On vaut quoi maintenant ?  Laissons que je suis dans un réseau. C’est Paul Biya qui nous nomme tous. Mais vous entendez, réseau de Ngoh Ngoh, etc. Le président de la République demande-t-il de créer des réseaux ? Il a nommé, il attend des résultats. Quand donc en revanche vous lisez la lettre de Lazare Atou, vous avez le sentiment qu’il y a un problème particulier entre eux. Lazare Atou n’a pas affaire à Ngoh Ngoh, mais avec tous les camerounais. Les biens n’appartiennent pas à Ngoh Ngoh, mais aux camerounais. Au lieu de se plier, que le peuple  est déjà au courant, il répand du venin. On ne combat pas Dieu. Même s’il est protégé n’importe comment. Si tous les camerounais se mettent à prier, il ne peut pas résister, parce qu’il a trop mal fait. On ne nargue pas les gens.

Quel avenir donc pour les ports du Cameroun ?

Le PAD n’a pas fini son relookage. Il y a le côté de Cimencam qu’on doit emménager. Il y a 750 m linéaire de quai à aménager. Les bateaux doivent pouvoir y accoster. Il y a le quai de poisson etc. qui doivent être aménagés. Nous avons commencé par la sécurisation du port, récupérer toutes les sociétés qui étaient bradées, là où l’argent sortait clandestinement, l’ancien concessionnaire avait au moins 200 milliards par an. Le PAD est à plus de 2000 emplois maintenant. On va encore recruter, il y a des techniciens pour le remorquage, avec le nouveau matériel qui est arrivé, les grues, les performances du port vont augmenter au moins de 30 %. Je suis sûr que cette année, (on a fait 53 milliards l’année dernière), on sera entre 60 et 70 milliards de francs cette année, tel que c’est parti. Bolloré en partant avait laissé un vieux matériel, les camerounais ont pris des techniciens qui ont fabriqué les pièces qui vont aux portiques, et ça marche. En face, il y en a qui n’aiment pas cela. En clair donc, c’est la main d’œuvre camerounaise qu’on combat. Ce qui m’énerve.

Propos recueillis par Aloys Onana  

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