C’était au cours d’un débat à la télévision nationale le 15 juin.
En dehors d’Emmanuel Wafo, le premier créateur de richesse à trouver des points de défaillances « graves » dans le traité de fusion entre le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam), il existe une panoplie de patrons et autres hauts responsables d’entreprises qui saluent certes tous le retour des membres d’Ecam au Gicam, mais à une seule condition, que cela soit sous la forme d’une absorption d’Ecam.
Parmi donc ces patrons « démocrates » qui exigent l’absorption, se trouve Dieudonné Tiétsé, bel orateur –patron de Panafric Engineering and Services (Paness Conseil)- et très ancien membre du Gicam. « Aujourd’hui le Gicam, c’est une marque. Je pense que quand une marque est à son zénith, ce n’est pas le moment de la tuer. Deuxième élément, j’estime les coûts de la fusion création vont davantage alourdir nos charges. Troisième élément, j’estime pour moi que la fusion-création n’apporte pas une plus grande valeur ajoutée au Gicam. De toute façon, que ce soit fusion-création ou fusion absorption, Ecam va finir par rentrer à l’intérieur du Gicam. Mais la fusion création me pose beaucoup de problèmes. J’ai attachement émotionnel vis-à-vis du Gicam », confesse-t-il.
Dieudonné Tietsé va plus loin. « Je suis venu au Gicam par ce nom. Quand vous allez à l’étranger et que vous dites Gicam, on vous respecte. Je vois le temps qu’on va remettre à reconstruire un autre nom. Pourquoi ? Tout simplement parce les membres qui ont quitté la maison veulent y retourner ? Non, ils peuvent y retourner tout simplement. »
Dans cette affaire qui est loin de se terminer en attendant la tenue de l’assemblée générale extraordinaire le 11 juillet, ils sont bien nombreux, ces patrons qui demandent les annexes des documents du traité de fusion présenté au public le 5 avril 2023. Ils sont carrément déconnectés des dessous, le traité de fusion ayant été fait à une vitesse éclair, le tout, à rebrousse poils. Pour mieux le comprendre, c’est le 31 mars 2023 que le président Tawamba parle de cette initiative fusion avec Ecam aux membres du Gicam. Cela se fait par mail. Cinq jours plus tard, il signe le traité de fusion, non sans affirmer, la main sur le cœur, que le conseil d’administration du Gicam avait déjà validé cette initiative.
Le 5 mai, Célestin Tawamba convoque la tenue d’un conseil d’administration, dont le but est de défendre le traité de fusion. La réunion se termine en queue de poisson. Le 30 mai, le conseil d’administration est à nouveau convoqué avec le même ordre du jour. La validation du traité de fusion est obtenue au forceps. Le conseil des Sages est consulté, alors que le traité de fusion a déjà été signé. Tout comme l’assemblée générale du Gicam, instance suprême de ce patronat, est appelée le 11 juillet 2023 à se prononcer sur ce traité de fusion déjà signé.
Pour Dieudonné Tietsé, le processus déployé pose problème et cache mal des ambitions répréhensibles. « Dès qu’on dit fusion-création, naturellement vous ne pouvez pas empêcher à d’autres de penser que ce serait une pirouette pour que le président actuel [Célestin Tawamba] passe au troisième mandat et dès que vous dites troisième mandat en Afrique, vous savez ce que ça devient dans la tête des gens. C’est comme si c’était une maladie. Mais si nous décidons de la fusion –création, il faut que les membres du Gicam le comprennent bien. Cela donne la possibilité au président actuel de se représenter et on doit assumer. »
Il invite à la prudence. « Notre endettement est connu du public, de nos membres. Il faut donc des examens prénuptiaux. C’est ces examens là qu’on attend. Et c’est sur la base de ces examens là qu’on va se dire est-ce que nos groupes sanguins sont en adéquation, est-ce que le degré d’endettement d’Ecam, ne viendra pas alourdir notre propre endettement interne. On ne peut aller dans un mariage comme celui-là sans savoir de quoi il est question. Je pense que c’est même ces informations-là qui permettront de choisir la forme de la fusion. »
A.O
