« Il est dit que le Cameroun est à 80 % agricole. Mettez, s’il vous plaît, dans les programmes, des notions d’agro-industrie, d’agriculture pour que les enfants aiment la terre et s’attachent à elle et comprennent que, dans tous les pays du monde, c’est d’abord l’agriculture qui s’est développée, qui a été suivie de l’industrie », tranche Pr Toto Lobé, membre de la Fondation Pierre Crouigneau pour la recherche scientifique, un cercle de réflexion qui regroupe en son sein de nombreux experts en économie, management, industrie, etc.
Ce message de révolution académique se justifie à plus d’un titre. Dr Jean Toto Moukouo pense que le Cameroun est séparé sur plusieurs points, notamment sur le volet éducatif. Il y a un système anglo-saxon un autre francophone. Le nom du pays s’écrit soit Cameroon (en anglais) soit Cameroun (en Français). Une incongruité, a relevé la Fondation Pierre Crouigneau pour la recherche scientifique qui, le 19 février à Douala, a tenu une conférence sur « l’Emergence du Cameroun : le rôle de l’éducation, contexte et perspectives ». Travaux qui ont vu la présence du Pr Nalova Lyonga, ministre des Enseignements secondaires.
Il est admis de tous que le système anglo-saxon est fondamentalement différent du système francophone. Cela, jusqu’en 2016, ne semblait ne pas gêner. Les choses devraient prendre une nouvelle tournure. « Il faut essayer de rapprocher les deux systèmes, nous voyons naitre dans le pays plusieurs lycées bilingues, mais les programmes restent différents. Ce que nous pensons, c’est qu’il est important de repenser les programmes et si nous voulons continuer à vivre dans un même pays, il faut choisir un seul programme avec les têtes qui sont au ministère des Enseignements secondaires, un seul programme qui sera en français et anglais. C’est tout à fait possible », soutient Dr Jean Toto Moukouo, pour qui, le pays ne doit ni s’appeler Cameroon, ni Cameroun, mais plutôt Kameroun, et chacun se présentera si nécessaire, « je suis Kamerunais duala », « je suis kamerunais beti etc. »
Pr Nalova Lyonga a pris en compte ces remarques et suggestions. Au niveau supérieur de l’Etat, l’on semble vraiment songer à réformer le système éducatif. « La conférence était très importante parce que c’est l’une des rares conférences que nous avons eues dans le domaine de l’éducation dans la Région du Littoral. Nous l’avons validé afin que des gens puissent parler de la place de l’éducation dans le développement : leurs attentes, leurs propositions. Vous constatez que tout le monde est du même avis qu’il faille des réformes dans le système éducatif. J’ajouterai qu’actuellement les réformes dont on parle sont pour la plupart ceux également en examen au niveau du gouvernement », confie-t-elle. « Tous sommes d’accord que les choses doivent changer. S’ils ont utilisé le mot émergence, c’est pour indiquer une situation critique qui veut qu’il y ait changement. Nous voulons le changement. Si vous vous approchez pour voir ce que nous faisons au niveau des Enseignement secondaires, vous verrez que nous essayons d’emmener l’agriculture dans les programmes. Vous avez un centre à Yabassi, un centre à Lakdo, Limbé qui ont été ouverts pour l’agriculture, entre autres », martèle le Pr Nalova Lyonga.
Reine Kouna