Home » Dr Jean Marie Biada : « le Tchad, la Guinée Équatoriale, le Gabon  le Congo Brazzaville ont chacun une raffinerie, sortez-nous de la honte en nous livrant une SONARA newlook »

Dr Jean Marie Biada : « le Tchad, la Guinée Équatoriale, le Gabon  le Congo Brazzaville ont chacun une raffinerie, sortez-nous de la honte en nous livrant une SONARA newlook »

by EDC
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Economiste expert certifié ONUDI en diagnostic et mise à niveau des entreprises, l’homme de sciences analyse la libéralisation des importations des produits pétroliers décidée par le chef de l’Etat Paul Biya le 14 décembre 2023 et indique ce qui pourrait permettre au Cameroun de consommer son pétrole à des coûts réduits.

Qu’est-ce qui change avec la libéralisation des importations des produits pétroliers ordonnée par le chef de l’Etat le 14 décembre 2023 ?

Cette décision du chef de l’Etat vient mettre l’église au centre du village. Que les gens n’aillent pas en enfer parce qu’ils n’étaient pas allés à l’église. Il s’est passé que dans une sorte de confusion, certains acteurs majeurs qui depuis des années jouent un rôle prédominant et spécialisé dans le pétrole au Cameroun avaient été dessaisis de ce rôle-là. Je prends le cas de la CSPH. Le marché camerounais des hydrocarbones raffinés est un marché de 2 millions 100 mille tonnes. Que fait l’Etat ? Il dit la SONARA  a 80 % de ce marché. Et les 20 % restants, l’Etat les ouvre à la concurrence. La SONARA avait donc déjà les 80 % de parts de marché et pouvait encore postuler, soumissionner pour gagner les offres de fournitures, de livraison sur ces 20% restants. Ça c’était lancé par la CSPH. Or depuis un certain temps, le ministère de l’Eau et de l’énergie est rentré en scène, voler la vedette à la CSPH qui n’était plus le pivot central de ces opérations de planifications de l’approvisionnement du marché camerounais sur les 20 % restants. Le texte du chef de l’Etat vient repositionner la CSPH dans ses missions originelles. C’est-à-dire être la seule institution en charge de planifier les opérations de ravitaillements du marché camerounais en produits pétroliers finis.

Qu’est-ce qui fait que nous ayons de la peine à avoir 400 milliards FCFA pour faire fonctionner à nouveau comme cela se doit la SONARA ?

Très bonne question ! Qu’est-ce qui fait blocage ? Je suis souvent déçu que lorsque l’Etat veut faire quelque chose de grand, il reprend les mêmes personnes auxquelles il confie les mêmes missions. En économie même les opérateurs du secteur privé font partie de l’Etat. D’ailleurs la comptabilité nationale les qualifie d’institution sans but lucratif au service des ménages. Donc l’Etat peut prendre un pool d’experts du secteur privé qui peuvent faire des études, mobiliser les financements et exécuter ce marché. Quelle est cette histoire de restructuration de la dette qui prend cinq ans ?  On ne peut pas restructurer la dette pendant cinq ans. On dit on structure la dette avec Vitol, on a voulu négocier ceci avec Transfigura, on est entrain de faire ceci avec DMT. Les résultats sont là, ça ne porte pas. Tout ce qui a été fait n’est pas à la hauteur des attentes de ceux qui les ont mis en mission. En cinq ans on aurait construit une nouvelle raffinerie. C’est 48 mois déjà. Pourtant la dimension n’est pas celle de la raffinerie de Dangoté qui est à 650 mille barils par jour. Nous parlons d’une histoire d’une 50 mille barils par jour. Mais ça coince. On s’en ferme dans les choses sans tête ni queue. Lorsque vous êtes en face d’un expert, il utilise la méthode. Lorsque vous êtes en face d’un non expert, il fait du tâtonnement. Le tâtonnement ne peut pas avoir le dessus sur la méthode. Un expert en 36 mois aurait réglé le problème. On va continuer à négocier le rééchelonnement de la dette avec Transfigura. Les choses qui se font en deux mois, pourquoi nous les faisons en 60 mois ?

Le fait de libéraliser les importations peut-il donner libre cours au carburant frelaté ?

Sourire. Le carburant frelaté, non. Vous voyez, le chef de l’Etat a remis au centre du dispositif la SONARA et HYDRAC. Cela veut dire le carburant qu’on veut chez doit respecter les caractéristiques qui doivent être indiquées au moment de l’appel à soumission. Ceux qui soumissionnent savent qu’ils vont alimenter le Cameroun en tel hydrure de carbone. Nous avons besoin des alcanes, des alcènes, des alcines, ils connaissent ces caractéristique et quand ça arrive, il y a un prélèvement qui est fait par HYDRAC et à Limbé c’est la SONARA qui viennent vérifier. Tout de même, votre question a tout son sens. S’ils importent maintenant du carburant frelaté et que ceux chargés de qualifier ce carburant de bonne ou de mauvaise qualité sont complaisants, oui, le risque que le mauvais carburant perce notre marché n’est pas nul. C’est le lieu d’interpeller le sens du patriotisme de ces gens chargés de contrôler les hydrures de carbones désormais libéralisés et importés de l’étranger pour être consommés sur le marché camerounais. Il faudra être stricts, patriotes. Nous sommes à l’ère du numérique, il faudra même dénoncer les dessous de table. Votre question a tout son sens, nous avons connu un très mauvais carburant en 2001, qui a abimé de nombreux moteurs. Ce risque existe, mais la solution, la vraie et la bonne, est, soit de remettre à flot la SONARA, en 36 mois, pas plus, soit de construire une nouvelle raffinerie en 36 mois, ce n’est pas peu, vu la capacité de l’unité qu’on mettra en place.

Vous semblez beaucoup privilégier la piste du secteur privé et des experts plus aguerris  pour relever la SONARA…

Nous sommes à 2 millions 100 mille tonnes, la capacité des hydrocarbures du Cameroun et on a couvert tous nos besoins. Si on consomme 50 mille barils par jour, cela ne veut pas dire que nous sommes le plus grand consommateur du monde. Le Nigeria voisin, c’est dix fois plus. C’est dans notre intérêt de tenir compte de ce que nos besoins sont ce qu’ils sont, et c’est l’occasion de faire appel à des pools d’experts qui vont aller à l’assemblée nationale prêter serment en disant, nous prenons l’engagement devant vous, si vous nous laisser travailler pendant 36 mois, nous viendrons vous rendre compte à chaque session. Si vous mettez les moyens à notre disposition, rassurez-vous, au bout de 36 mois, nous viendrons ici vous trouver l’occasion pour la cérémonie de coupure du ruban qui annonce l’entrée en fonction de la SONARA renouvelée ou alors de la nouvelle entreprise nationale qui aurait été reconstruite sur des fonds obtenus soit du trésor public, (cela sera un peu différent) mais des fonds mobilisés à l’international avec la garantie souveraine de l’Etat. Un Etat qui prend l’engagement d’ouvrir un compte séquestre à la BEAC où on virera une partie pour honorer le service de la dette qui aurait été mobilisée pour faire sortir de terre cette nouvelle raffinerie de deuxième génération dont nous rêvons tant.

Il faut donc s’appuyer sur ceux maitrisent au mieux ce type de questions techniques…

Appuyons nous sur des experts nationaux ou internationaux pour essayer d’essuyer cette honte. Le Tchad a une la raffinerie de Djermaya, la Guinée Equatoriale a une raffinerie, le Gabon (la SOGARA) –société gabonaise de raffinerie – le Congo Brazzaville a une raffinerie. Est-ce que c’est  normal que le Cameroun en soit à végéter pour une affaire de raffinerie ? Nous produisons du pétrole (le cam kolé), depuis plus de 45 ans nous produisions du pétrole. D’où vient-il que nous soyons ce pays dont la souveraineté est désormais liée aux pesanteurs d’intendance ou alors à la volonté de certains opérateurs qui sont à mille lieux de notre triangle national….

 Il est question que quelque chose soit fait dans ce sens à l’effet de nous sortir de cette honte. Nous avons des experts en mobilisation des financements longs, des experts en des projets clés en main, des experts en mission trois R comme celui qui vous parle (mission de restructuration, réhabilitation et repositionnement stratégique) des entreprises. C’est de ça que la SONARA a besoin. On contourne la question, on fait venir des administrateurs civils qui racontent ce qu’ils veulent. 48 mois après, on ne voit rien. Il est temps que ceux qui ont chauffé le tam-tam soient mis de côté pour laisser les spécialistes jouer la musique qui pourra désormais apaiser tous les camerounais et les emmener à comprendre que le Cameroun a des enfants très compétents dans tous les domaines.

Propos recueillis par Aloys Onana

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