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Enseignements pour investir en Afrique

Amaury de Féligonde (photo) cofondateur d’Okan, cabinet de conseil dédié à l’Afrique, revient sur les approches d’adaptation des opérateurs économiques et investisseurs étranges dans une Afrique, donne des pistes pour mieux investir sur ce continent très souvent instable.

La guerre est de retour en Afrique. On l’avait un peu oubliée, heureux d’ignorer le tragique de l’histoire, de vanter l’émergence de l’Afrique et de ses classes moyennes. Ses visages sont variés, mais tous hideux : guerre civile en Libye et au Sud Soudan, en RCA. Terrorisme en Tunisie, au Nigeria, en Egypte, au Sahel et autour du Lac Tchad. Récentes tentatives de coup d’Etat en Ethiopie.

Les faits sont là : après avoir fortement diminué au début des années 2000, le nombre de conflits est en forte hausse. Plus du tiers des pays africains est en guerre selon le FMI. Ces guerres sont un drame. Elles tuent en majorité des civils. Elles entravent le développement et siphonnent les finances publiques. Elles gâchent l’avenir d’enfants privés d’école, sur un continent où près de 50% de la population est âgée de moins de 20 ans.

Dans ce contexte troublé, sur un continent qui compte 75 millions de chômeurs, l’effondrement des investissements étrangers (créateurs d’emplois, financeurs d’infrastructures économiques et sociales) serait une mauvaise nouvelle. Mais comment les investisseurs internationaux peuvent-ils gérer ce contexte complexe ? Comment les entreprises et institutions privées (grands groupes ou PME, fonds d’investissement, etc.) peuvent-elles s’adapter et agir ? Quelques pistes de réflexion.

Bien choisir ses partenaires locaux

Tout d’abord, comme le dit l’adage, «il ne faut pas confondre la partie et le tout». Trop de sociétés, notamment européennes, considèrent qu’il est dangereux d’envoyer du personnel dans une Afrique considérée comme un tout. Elles méconnaissent ainsi un continent comptant 54 pays, dont une majorité (deux tiers) demeure apaisée. Par ailleurs, à l’intérieur des pays, la situation peut varier du tout au tout : quoi de commun entre le nord-est du Nigeria victime de Boko Haram et celle de Lagos, mégalopole des affaires et des startups ? Une PME française, Haussmann Group, spécialisée dans l’aménagement de bureaux ne s’est y pas trompée et a choisi ce pays comme un moteur de croissance majeur.

Une fois la géographie choisie, il convient de s’appuyer sur des partenaires nationaux de confiance. Ils connaissent le contexte local, possèdent des réseaux personnels capables de protéger un investissement, même dans un pays troublé. Ils doivent être choisis avec soin, en insistant sur leur réputation d’efficacité, mais aussi d’intégrité. La «révolution de Jasmin» a ainsi mis à mal certains groupes internationaux ayant trop misé sur des partenaires proches de la famille au pouvoir en Tunisie.

Par ailleurs, pour bien investir, il convient de «ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier». L’Afrique étant une zone globalement troublée, il vaut mieux parier sur plusieurs pays à la fois, malgré le risque de perte d’efficacité que cela comporte. Le groupe hôtelier Onomo a ainsi su investir dans 9 pays africains, malgré sa taille encore limitée et offre ainsi un profil de risque très diversifié.

S’adapter en renforçant sa résilience

Pour durer en Afrique, il faut «être prudent comme le serpent».Tout dirigeant de société occidentale (notamment française) est désormais tenu pénalement responsable du sort de ses employés. Cette prudence passe par des règles renforcées de sécurité, et au besoin par des formations ad hoc. Il convient d’être audacieux face aux acteurs émergents (turcs, chinois, indiens), tout en veillant à ne pas prendre de risques inconsidérés.

Enfin, le meilleur moyen d’être protégé des conflits en Afrique passe par la mise en place de politiques de RSE audacieuses, offrant une «social license to operate». Ces projets «philanthropiques» relèvent d’une charité bien ordonnée : ils permettent que les sites (miniers, forestiers, barrages) soient protégés par des populations locales favorables, elles qui connaissent le milieu environnant et sont capables de déceler les « signaux faibles ».

La fin de l’histoire (titre d’un livre de Fukushima) n’a pas eu lieu et les conflits se multiplient à nouveau en Afrique. Aux investisseurs étrangers, animaux souvent «craintifs et mobiles» tels des gazelles, de prendre acte de cette situation et de s’y adapter, en renforçant leur résilience, telles des tortues, pour pouvoir compétir sur des marchés risqués, mais en forte croissance.

Source: La tribune Afrique

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