Pour cette association de défense des droits des consommateurs, cette augmentation de 357 % est disproportionnée. A ce montant, il faudra ajouter les frais de transport et des imprévus, ce qui va au-delà de 15.500 FCFA.
L’Association internationale des droits des consommateurs (Asicom) dénonce l’augmentation du prix du timbre nécessaire à l’établissement de la carte nationale d’identité (CNI). « C’est avec la plus vive préoccupation que l’association internationale des consommateurs tient à alerter l’opinion publique nationale et internationale sur l’augmentation du prix du timbre de la carte nationale d’identité qui passe de 2800 à 10.000 FCFA d’après l’ordonnance N°2024/001 du 20 juin 2024 portant loi de finances », indique l’association dans un communiqué.
Calculette à l’appui, Cyrille Kuete, le président de l’Asicom constate que les frais d’établissement de la CNI comprennent le certificat de nationalité (3500 FCFA), la copie certifiée de l’acte de naissance (2000 FCFA), le timbre (10.000 FCFA), « soit un coût total minimum de 15.500 FCFA », se désole cette association. « Cette hausse astronomique de 357 % est totalement disproportionnée et aura des conséquences sociales désastreuses pour les citoyens camerounais, en particulier les plus modestes. L’obtention d’une carte d’identité étant obligatoire, cette décision crée une charge financière supplémentaire qui ne peut être justifiée par les délais de production désormais fixés à 48h alors qu’elle reste insupportable pour de nombreux ménages », se désolent les membres de l’Asicom.
Une doléance est émise. « Nous sollicitons le report de cette augmentation du prix du timbre et du rétablissement du tarif précédent de 2800 FCFA. Les citoyens camerounais qui croulent déjà sous le poids de l’inflation galopante généralisée ont besoin de mesures de soutien et d’assouplissement, pas d’une nouvelle charge financière injustifiée », fait remarquer Cyrielle Kuete.
En rappel, l’augmentation du timbre relatif à l’établissement de la CNI arrive au moment le Cameroun bat le record de l’inflation en zone Cemac au cours de l’année 2024 avec un taux de 5,9%, selon le FMI. Le gouvernement a majoré les prix du carburant de 15 % depuis le 3 février 2024, ce qui a une forte incidence sur le coût des transports.
Le ministère des Finances (Minfi) est, depuis le début de l’exercice fiscal en cours, en pleine campagne pour la paie doucement forcée de l’IRPP (impôt sur le revenu des personnes physiques), l’obtention de la non redevance en ligne est désormais payante. Depuis mars 2023, le salaire minimum interprofessionnel garanti s’élève à 41 875 F CFA. Une légère hausse qui se trouve diminuée pour tous ceux qui vont se faire faire établir une CNI, sans oublier leurs charges fixes.
L’on note, depuis deux mois, une pression jamais égalée faite aux banques et autres établissements financiers pour le transfert forcé des fonds dormants de leurs livres à la Caisse des dépôts et consignations (Cdec). Avec la nouvelle mesure relative à l’établissement de la CNI, « nous considérons que cette mesure porte gravement atteinte aux droits fondamentaux des consommateurs et constitue une entrave inacceptable à l’accès à un document administratif essentiel et plus particulièrement à la veille d’échéances importantes pour la nation. »
En rappel, le président de la République, Paul Biya a signé le 20 juin 2024 une ordonnance, modifiant et complétant certaines dispositions de la loi de finance (LFI) du Cameroun pour l’exercice 2024. Le budget de l’État qui était de 6 740,1 milliards de FCFA s’équilibre désormais en ressources et en emplois à 7 278 100 millions de FCFA. Soit 7 212 500 millions de FCFA au titre du budget général et 65 600 milliards de FCFA pour les comptes d’affectation spéciale.
Le montant des fonds à mobiliser sur les marchés financiers a connu de l’embellie. Cette année en cours, le gouvernement est habileté à recourir aux emprunts sur les marchés financiers et bancaires intérieurs et extérieurs, pour des besoins de financement des projets de développement, et l’apurement des restes à payer, pour un montant maximum de 747 milliards de FCFA. Le plafond des emprunts à mobiliser sur le marché financier intérieur, notamment par émission des titres publics, est fixé à 280 milliards de FCFA, destinés au financement des projets de développement.
Autre remarque dans l’ordonnance N°2024/001 du 20 juin 2024, le montant des ressources destinées à la reconstruction des zones reconnues économiquement sinistrées des Régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, Extrême-Nord. Il est passé de 30 milliards à 35 milliards de FCFA.
Aloys Onana