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Douala : comment le BGFT et les patrons de camions ont réussi à convaincre les chauffeurs à lever leur mot d’ordre de grève

by EDC
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Douala, 14 octobre 2021. Il est 2heures. La nuit est déjà largement avancée. Mais dans la salle de réunion entre le Bureau de gestion du fret terrestre (BGFT), les syndicats de conducteurs de camions et les propriétaires de leur outil de travail, les négociations sont au point mort, onze heures de temps après leur début. Les voix montent, la colère des chauffeurs est la plus visible. « Je ne peux pas signer. Mes camarades penseront que j’ai pris 10 millions pour les trahir comme cela se dit déjà par certains», s’emporte un. « Il faut que la convention soit tout simplement respectée, tout est dans cette convention », tempête un autre. C’est le statuquo. Les conciliabules ne se comptent plus.

C’est que, ce jour-là, le Collectif des syndicats nationaux des travailleurs des transports routiers du Cameroun a contribué à la paralysie de la circulation routière à Yassa, sortie Est de la  capitale économique du Cameroun. Pour dénoncer les maux dont ils sont victimes de la part de leurs patrons, les membres dudit collectif ont garé leurs camions sur les côtés de la route. « Il y a donc eux deux rangs. Des véhicules voulant sortir de Douala et ceux voulant entrer. Cette indiscipline des usagers de la route a créé un géant embouteillage », témoigne Samuel A, cadre dans une entreprise publique.

Le gros embouteillage occasionné inquiète les autorités de la ville. Police et gendarmerie arrivent. Rien n’évolue vraiment. Une réunion urgente est convoquée par le BGFT. Tous les ténors syndicaux  du milieu sont présents. « Le transport, c’est ensemble qu’on peut l’assainir. Nous les chauffeurs sommes les pieds et nous, les pieds, sommes les missionnaires, nous abordons tous les corridors. Si le pied va mal, cela veut dire c’est la paralysie de tout le secteur. Si nous chauffeurs avons crié, c’est par ce que quelque part nous avons les narines dans l’eau, nous ne respirons plus », s’étrangle un chauffeur.

Sur la table, une longue liste de revendications : la pratique des notes de débits en cas de pannes sur les véhicules, la multiplication des contrôles des forces de l’ordre sur les routes, la surcharge des camions, l’absence d’auto-écoles pour les conducteurs de véhicules poids lourds, le mauvais traitement des travailleurs, les salaires fixés à 100 mille francs comme par enchantement, le manque de sécurité lorsqu’ils se rendent dans certains pays de la sous-région.

Le collectif des chauffeurs est catégorique. Leur travail ne reprend pas sans des réponses « claires » et « précises » des patrons. Faut-il augmenter les salaires ? Sur quelle fourchette ? Que faire pour que les aide-conducteurs (motor boys), les conducteurs soient en sécurité lorsqu’ils vont en Centrafrique par exemple ?

A toutes ces questions, le Collectif des syndicats nationaux des travailleurs des transports routiers du Cameroun a une réponse. Il y a une convention qui existe, elle doit être la respectée pour résorber les 17 revendications exigées par les grévistes.

Ecoute et promesses

Pour permettre à Douala de se décanter de ce cette grève, Pierre Simé, ancien député et président du SNTR,  plante. « Aujourd’hui j’ai honte. Les membres du gouvernement qui ont l’habitude de m’écouter vont se demander si ces enfants m’ont dit avant de lancer leur préavis de grève, ils n’ont pas laissé du temps de leur donner satisfaction. Souvent, quand on lance un préavis de grève, il faut laisser quelques jours pour qu’on négocie, mais hélas, on n’a pas eu le temps de négocier. » A sa suite, El hadj Oumarou, Coordonnateur du BGFT renforce, « il est urgent de trouver une solution tout de suite. Si le temps passe, j’ai bien peur qu’il y ait des récupérateurs. »

La hargne des chauffeurs est saluée, et le patriotisme économique  ventée. «Nous devons travailler pour l’amour de notre beau pays et non pour nous-mêmes. J’ai travaillé pour qu’il y ait de l’apaisement, de l’accalmie, pour qu’il y ait de la paix, je ne regrette pas du tout », souligne Pierre Nyemeck, président du CGSTC. Mais au-delà de ces beaux discours, les chauffeurs attendent plus et donc, « Nous avons donné des engagements aux employés et nous allons respecter ces engagements, nous allons les suivre, respecter la convention, intervenir comme d’habitude auprès des membres du gouvernement. Mais nous avons pris l’engagement devant eux et nous allons les respecter et il faut que eux aussi ne répètent plus, parce qu’ils savent que nous sommes là», déclare Pierre Simé.

Ces paroles feront calmer la colère des chauffeurs, qui ont levé le mot d’ordre de grève. Un acquis éternel ? En attendant. «  Nous disons, l’essentiel est sauf, parce que la grève a été suspendue. Nous voulons dire merci à tous ceux ont contribué et on remercie notre pays qui reste toujours debout, nous n’avons pas été inquiétés, malgré quelques remous qui démontrent la vitalité du mouvement syndical au Cameroun », soupire El hadj Oumarou, coordonnateur du BGFT.

A.O

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