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Diplomatie économique : convaincue d’être très mal aimée en Afrique, la France choisit de venir investir localement

by EDC
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Une enquête a été commandée par les hautes autorités de France pour apprécier le regard que les africains jettent sur la France en ces temps où de nombreuses questions entre la France et ses anciennes colonies font beaucoup de bruits. Les résultats ont été décevants. De nombreuses propositions sont donc faites pour que dans 20 ans, la donne change.  

L’enquête a été menée par Pierre-Ange Savelli et Hervé Gaymard, qui ont remis le rapport final en avril 2019 aux hautes autorités françaises.  Les causes ayant motivé ce travail sont soulignées. « Ce rapport qui traite de la relance de la présence économique française en Afrique intervient à mi-chemin entre le discours prononcé par le Président de la République devant les étudiants de l’université de Ouagadougou le 28 novembre 2017, et le sommet Afrique-France prévu en juin 2020 », précise d’entrée de jeu le rapporteur qui ajoute, question de faire tomber le sentiment anti français qui n’a de cesse de prendre du tonus. « Un message principal est à retenir : il y a urgence, car les relations économiques franco-africaines de 2050 se construisent aujourd’hui. »

La méthodologie des travaux ainsi que leur durée ressortent. La mission a duré de décembre 2018 à avril 2019. Environ 150 entretiens et ateliers de travail ont été organisés: de visu, téléphoniques, ou par visioconférence. Des questionnaires précis, ont été adressés aux conseillers du commerce extérieur français présents sur le continent africain.  Plus de 120 contributions ont été collectées. Elles sont des personnels du réseau de Business France (avec des contributions pour chacun des pays africains où Business France est présent), et du réseau diplomatique (avec des contributions pour une quarantaine de pays du continent au total.

Résultats. Trois mythes. Celui du retrait des entreprises françaises, celui de leur toute-puissance, et celui de l’ascension inexorable de la puissance chinoise sont observés. Aussi, des clichés à prendre en compte apparaissent, pour mieux se positionner. L’on apprend que 60% des entreprises françaises présentes sur le continent africain ayant répondu au questionnaire sont présentes depuis plus de vingt ans. Les investissements français sur le continent augmentent, et moins de la moitié concernent désormais le secteur extractif. Les stocks d’IDE (investissements directs étrangers)  français ont été multipliés par 8, de 6 milliards d’euros en 2000 à 52 milliards d’euros en 2017. L’industrie extractive représente désormais moins de 50% (45% en 2017) du total des IDE français sur le continent africain, grâce à une forte diversification en Afrique du Nord. Les entreprises françaises contribuent à l’emploi africain. Celles-ci, en additionnant les emplois directs, représentent au moins 620000 emplois sur le continent.

Par ailleurs, les contributions des entreprises françaises aux budgets locaux dépassent « vraisemblablement » le montant de « notre » aide publique au développement (APD). Les impôts payés par les entreprises françaises sur le continent africain sont estimés, pour les dix pays où leur contribution est la plus importante (et pour lesquels des estimations ont pu être réalisées) à environ 14 milliards d’euros, un ordre de grandeur équivalent à l’objectif de 0,55% pour notre APD à l’horizon 2022. Les financements chinois sont déjà en voie de stabilisation. Après une forte augmentation de 2006 à 2015, les annonces financières du dernier forum triennal Chine-Afrique (FOCAC de septembre 2018), stagnent par rapport à 2015 (60 milliards de dollars dans les deux cas).

Perspectives

Inquiète, la France se prépare à poser des actes plus parlants économiquement. Pour elle il faut envisager les 20 prochaines années un dépassement progressif de la notion d’aide au développement, « porteuse d’équivoques », pour aller vers celle d’investissements pour le développement, dans laquelle chaque partie trouve son intérêt. Organiser la reconstruction d’un outil d’expertise technique  français de rang mondial dans les années 2020, en réorientant progressivement un milliard d’euros par an d’ici dix ans de dépenses existantes vers cet outil. Identifier, pour les années 2020, trois à cinq grands défis pour lesquels la France pourrait proposer une solution intégrée d’investissements pour le développement.

Au niveau de l’Union européenne, il faudra mieux associer le secteur privé aux démarches en vue du post-Cotonou, et envisager, dans la poursuite des APE et de la mise en place de la ZLEC (Zone de libre-échange continentale) africaine, la négociation de long terme d’un accord commercial de continent à continent. Au regard des résultats mitigés de la politique européenne de développement sur les vingt dernières années, donner à l’UE une priorité claire pour les vingt années à venir: « le développement des infrastructures sur le continent. »

La presse française ne sera pas en reste car, chaque année un exercice de quantification et de communication autour de la contribution des entreprises françaises au développement du continent africain sera fait.

Quid de l’AFD ? « Veiller à ce que le pilotage local des agences AFD soit correctement assuré par l’ambassade en cohérence avec le cadre réglementaire déjà existant (et le cas échéant avec les services économiques, avec, en particulier, la transmission régulière de données quant aux retours  pour les entreprises françaises. »

Aloys Onana

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