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Pr. Désiré AVOM : « les pays ont désormais la liberté de déposer leurs fonds dans une banque autre que le Trésor français »

by EDC
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Cet économiste parle des contours techniques de la coopération monétaire entre l’Union monétaire ouest africaine et la France.

La nouvelle d’Abidjan de ce week-end (21 décembre 2019, Ndlr) vous a-t-elle surpris ?

Compte tenu de l’actualité, elle était plus ou moins attendue, elle est une réponse de mon point de vue à une vague de manifestations, des revendications qui ont nourri la société civile, demandant une évolution de la zone franc.

Cependant, Pr. la France conserve sa tutelle sur l’UEMOA en assurant la garantie de l’ECO qui conserve la parité avec l’Euro. Comment vont se définir les mécanismes de ce nouveau schéma ?

Il me semble qu’il faille négocier, parce que si vous regardez le fonctionnement actuel de la zone franc, le sort de la convertibilité reposait sur l’existence des comptes d’opération. Maintenant ces comptes d’opération sont supprimés, et les pays ont désormais la liberté de déposer leurs fonds dans une banque autre que le Trésor français ou alors de négocier avec d’autres pays.

Est-ce que cela ne peut pas traduire un maintien d’une certaine mainmise de la France sur ce pays-là ?

Dans tous les cas, pour garantir la convertibilité d’une monnaie, il faut en permanence disposer des réserves. Or, les réserves sont le résultat en fait d’une économie diversifiée. Ce qui n’est pas forcément le cas de nos économies qui sont régulièrement exposées aux crises de la balance de paiement. Donc  cette garantie, de mon point de vue, devrait permettre pendant un certain délai à emmener les pays à pouvoir diversifier leurs économies, et garantir leur propre monnaie.

Qu’en sera-t-il, Pr. du rapatriement éventuel des réserves de l’UEMOA, logées dans le trésor français ?

La détention des réserves dans un pays ou dans une banque centrale ne me semble pas très pertinente. Donc, il ne s’agit pas de rapatrier ces réserves forcement dans la sous-région, ces réserves sont appelées à retourner dans différents pays émettrices de ces réserves, en contre partie, les opérations que nos agents économiques font avec ces pays. Donc il ne s’agit pas de les transporter et les stocker dans nos pays parce que ces monnaies, au-delà de leur caractère international, n’ont pas cours libératoire légal dans nos différents pays. Je pense qu’il s’agit d’une opération comptable qui donnera aux banques centrales la possibilité de diversifier d’avantage les placements de ces réserves pour se faire du profit.

Aujourd’hui, 8 pays de l’Afrique de l’Ouest partagent désormais une même monnaie, l’Eco, et d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest : Ghana, Nigeria, Guinée (…) partagent le rêve d’une grande réunion avec ces pays concernés aujourd’hui, comment vont-ils rentrer dans le jeu Pr ?

Nous avons observé beaucoup de réticence des pays comme le Ghana, le Nigéria et à juste titre, parce qu’ils ne voulaient pas entrer dans une union monétaire qui est sous la tutelle de la France. Maintenant que l’union monétaire ouest africaine lâche un peu les mécanismes de fonctionnement de la zone franc, les pays comme le Ghana et le Nigéria vont observer effectivement si ces mesures conviennent à ce qu’ils attendent de l’union monétaire projetée.

Pour terminer, Pr. l’Eco met-il mécaniquement fin à la zone franc entendue comme réunion des ministres des Finances et de l’économie des pays ayant en partage le franc CFA et d’autre part, cette situation va-t-elle mettre une pression sur la CEMAC qui elle aussi, s’engage dans le vent de la réforme ?

Absolument, il y a éclatement de la zone franc. Manifestement ! Il me semble que profitant de l’expérience de l’UEMOA, les pays de la CEMAC devraient évoluer assez rapidement pour aboutir aussi à une réforme peut-être qui va reposer sur les mêmes principes, ou alors, les chefs d’Etat vont vouloir conserver quelques mécanismes ou aller au-delà de l’UEMOA. Ce qui est essentiel, c’est que la volonté des chefs d’Etat à aller vers la préforme soit actée.

Source : CRTV

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